Ma recherche constante de nouveaux auteurs m’a amené récemment à découvrir Erik Orsenna (de son vrai nom Erik Arnoult). En quelques jours, j’ai lu deux livres écrits par cet ancien prof d’économie qui fut également Conseiller d’Etat. Si vous les avez lus, votre opinion m'intéresse, car mon avis sur « Longtemps » et « La grammaire est une chanson douce » est… pour le moins contrasté !
Dans le pavé qu’est « Longtemps », Orsenna se lance dans l’histoire, racontée par un grand père à son petit fils, d’un amour illégitime (d’aucuns diraient adultère) qui dure dans le temps et restera sous le couperet de l’incertain jusqu’au bout. Pour lui, on aime vraiment que si on ne possède pas totalement l’autre. Le parfum de l’interdit fait office de phéromone qui attire régulièrement Gabriel, le botaniste de renom et Elisabeth, mariée et haut fonctionnaire de l’Etat Français, pendant plus de 30 ans. J’avoue que je n’ai pas été sensible à cette histoire, et que je me suis même parfois ennuyé ferme ! Si le style de l’auteur est plutôt agréable, cette suite constante de ruptures, d’angoisses, de retrouvailles, de ravissements, de sautes d’humeur et d’états d’âmes, m’a plus éloigné de l’intrigue que captivé. Malgré des personnages hauts en couleurs et des descriptions… disons charnelles en finesse ou plus salaces, je n’ai pas été sensible du tout à cette façon d’aimer, à cette tentative de légitimer une infidélité en la rendant torride. Bref, en refermant ce livre, j’étais content d’en avoir fini et j’avais hâte de passer à autre chose…
Par contre, la lecture de « La grammaire est une chanson douce » a été un grand plaisir ! Cette histoire de deux enfants devenus incapables de parler suite à un naufrage et qui se retrouvent sur l’île des mots est pleine de fraîcheur ! Les mots devenus des personnages à part entière et les règles de grammaire revues et corrigées pour les apprendre aux enfants sont des idées géniales ! L’accord des adjectifs avec les noms parce qu’ils se marient devant monsieur le Maire, le présent et l’imparfait expliqués par des horloges, l’hôpital des mots trop usités pour rien… voilà une façon originale et tellement réjouissante d’expliquer la grammaire. On sent qu’Erik Orsenna aime la langue Française et que les mots et la grammaire ne sont pas des sciences rébarbatives, mais un plaisir sans fin…
Allez, je ne résiste pas au plaisir de vous citer un passage que j’ai bien aimé : « Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s’usent. »…